Activité 18

Potentiel des punaises prédatrices (Nabis et Orius) en tant qu’agents de lutte biologique contre la punaise terne (Lygus lineolaris) dans les champs de fraises biologiques

La punaise terne, soit Lygus lineolaris (Palisot de Beauvois), est un insecte polyphage de l’ordre des Hémiptères et de la famille des Miridés. Elle inflige d’importants dommages économiques à plusieurs cultures, dont la fraise. Ce ravageur compte plus de 350 hôtes, dont 120 environ qui ont un intérêt économique. Les cultivateurs de fraises biologiques disposent de peu d’outils pour la combattre, aussi il arrive qu’ils perdent 100 % de leur récolte sous sa pression. La punaise terne est la principale barrière à la conversion à l’agriculture biologique chez les producteurs de fraises.

Cette punaise a plusieurs prédateurs susceptibles de réduire sa densité dans les agroécosystèmes (punaises prédatrices, coccinelles, araignées, etc.). Ces prédateurs, cependant, ne sont pas utilisés en lutte biologique classique ou inondative, car leur potentiel n’a pas encore été établi. Le rôle des prédateurs en tant qu’agents de lutte biologique contre la punaise terne a été négligé pour deux raisons : cette dernière a un taux de reproduction élevé, et le seuil économique relativement bas peut empêcher un unique prédateur de protéger efficacement les cultures. Dans une étude récente sur l’effet de cultures-pièces sur la punaise grise dans des champs de fraises, nous avons observé qu’autant Nabis americoferus (Carayon), hémiptère de la famille des Nabidés, qu’Orius insidiosus (Say), hémiptère de la famille des Anthocoridés, colonisent naturellement les parcelles exploitées par la punaise terne et sont soupçonnées d’être les principales responsables de la mortalité de cette dernière (envions 50 % des grandes nymphes et des adultes). N. americoferus se nourrit de cette punaise à tous les stades de son développement et a un cycle biologique qui se superpose au sien (en plus d’être plus prolifique). O. insidiosus, plus petite, mais plus vorace, mange la punaise grise au début de son cycle biologique et pourrait compléter l’action de N. americoferus. Les deux espèces de punaises prédatrices sont omnivores : elles se nourrissent de plusieurs ennemis des cultures et de pollen. Par conséquent, elles présentent un potentiel intéressant à titre d’agents de lutte biologique contre la punaise terne. De plus, ces deux espèces prédatrices pondent sur plusieurs plantes hôtes et pourraient s’avérer des contributrices pertinentes à la mortalité de la punaise terne dans diverses cultures, y compris les cultures-pièges.

Le but du présent projet est de déterminer le potentiel de N. americoferus et d’O. insidiosus contre la punaise terne et d’optimiser leur rôle dans les champs de fraises biologiques. Si elles faisaient l’objet d’une sélection artificielle en fonction de traits pertinents sur le plan économique (taux de prédation, spécialisation alimentaire, préférences en matière d’hôtes, etc.), ces punaises prédatrices pourraient voir leur efficience augmenter. Par conséquent, ce projet comprend un programme d’amélioration génétique (par sélection artificielle) dont la finalité est le développement de lignées de Nabis spécifiquement efficientes contre la punaise terne (dans un système Nabis-Orius-Lygus) et une compatibilité de la prédatrice avec les approches de cultures-pièges et plantes-banques. Après avoir été sélectionnées dans des conditions de laboratoire, ces lignées seront testées dans des champs de fraises biologiques. Le seuil d’intervention optimal et le taux de lâcher des prédateurs seront déterminés. Le projet devrait doter les producteurs de fraises biologiques d’un nouvel outil de réduction des populations de punaise terne compatible avec d’autres méthodes telles que les cultures-pièces et l’utilisation de champignons entomopathogènes (p. ex., Beauveria bassiana).

Il proposera une nouvelle méthode de remplacement des pesticides utilisable en production biologique et conventionnelle. De nouveaux outils comme celui qui va être développé réduiront l’utilisation des insecticides synthétiques ou biologiques, tout en diminuant efficacement les effectifs de punaises grises. Les applications d’insecticides ont un impact majeur sur l’environnement (sol, organismes non-cibles et eau) et la santé humaine. Cette approche de lutte intégrée, de surcroît, sera optimisée pour réduire les coûts et augmenter les résultats économiques, principalement par le biais de réductions des pertes et de hausses de la productivité et de la qualité (également de la valeur) des fruits biologiques.

Résumés des rapports de recherche [PDF 6.84 MB]

Chercheurs de l'activité


Nom du scientifique ou du membre de l'équipe d'experts techniques à l'extérieur d'AAC (effectuant des recherches)
Organization
Dr. Caroline Provost Director, researcher, CRAM
Dr. François Dumont Researcher, CRAM
Dr. Éric Lucas Professor, Université du Québec à Montréal
Dr. Claude Guertin Professor, Université INRS-Institut-Armand-Frappier
Liette Lambert Agronomist, Ministry of Agriculture, Fisheries and Agri-Food of Québec
Larbi Zerouala Agronomist, Ministry of Agriculture, Fisheries and Agri-Food of Québec
Marc Poirier Agronomist, Ministry of Agriculture, Fisheries and Agri-Food of Québec
Geneviève Legault Agronomist, CETAB+
Jennifer Crawford Association des producteurs de fraise et framboise du Québec