Utilisation d’insectes pour évaluer la qualité du sol

Centre d'agriculture biologique du Canada

Dans l’avenir, les agriculteurs biologiques pourront utiliser de minuscules insectes dépourvus d’ailes afin de les aider à évaluer facilement la santé de leurs sols.

Des travaux d’approche ont indiqué que les collemboles sont de bons bio-indicateurs de la qualité du sol. Des recherches de contrôle détaillées s’avèrent nécessaires par la suite afin de créer un test simple pour les exploitants agricoles et les spécialistes en vulgarisation.

Bien que ce processus pourrait prendre de cinq à dix ans, Karen L. Nelson, l’auteure principale de l’étude « Influence of agricultural soils on the growth and reproduction of the bio-indicator Folsomia candida » (Influence des sols agricoles sur la croissance et la reproduction du bio-indicateur Folsomia candida), a une idée précise quant au mode de fonctionnement du test.   

Les exploitants agricoles « placeraient leurs collemboles dans le sol pendant un nombre de jours établi, les laisseraient se développer pendant un certain nombre de jours, extrairaient les insectes, prendraient une photo à l’aide d’une caméra numérique, la téléchargeraient dans leur ordinateur et l’analyse d’images indiquerait pour eux les résultats. Il s’agit en fait d’un test très simple. »

Pour parvenir à ce stade, cela nécessitera considérablement davantage de temps et de recherches, mais les avantages seraient importants.    

À l’heure actuelle, tel qu’il est indiqué dans l’étude, les outils d’évaluation standards de la qualité du sol exigent des données biologiques, physiques et chimiques complexes qui sont coûteuses et chronophages. Les bio-indicateurs, qui sont des organismes sensibles aux changements dans leur milieu, peuvent simplifier le processus d’évaluation de la qualité du sol.      

« La conclusion la plus importante est que nous croyons que cet insecte peut servir de bio-indicateur de la santé du sol, ce qui pourrait mener à la création d’un test de santé du sol pour les spécialistes agricoles », affirme Nelson.  

Le type de collembole envisagé pour le test, Folsomia candida, mesure habituellement 1 millimètre de long, ou est de la taille d’une tête d’épingle. Il se trouve dans le compost et est souvent de couleur blanchâtre. D’autres types de collemboles sont de différentes tailles et couleurs.      

Les collemboles sont associés étroitement aux principaux processus écologiques comme la décomposition et le cycle nutritif. Leur comportement alimentaire influence directement l’activité des organismes microscopiques qui décomposent les matières mortes et la biomasse de l’écosystème du sol.    

« Cette association étroite entre les bio-indicateurs et le système peut être exploitée de deux manières », selon l’étude.   

Selon la première manière, la composition des espèces et les changements concernant la densité des insectes « peuvent être considérés comme des signaux d’avertissement précoce de la modification de l’écosystème. » Cela permet aux agriculteurs de savoir que la santé du sol peut être compromise, afin qu’ils puissent prendre des mesures en vue de l’améliorer.      

Pour les cultures de pommes de terre, par exemple, la santé du sol peut se détériorer assez rapidement en raison des plantes qui absorbent les nutriments du sol avec une faible remise en place naturelle. Pour corriger ce problème, une rotation plus longue peut s’avérer nécessaire ou la terre peut nécessiter des cultures de trèfle pour libérer le nitrogène.       

À l’aide des indicateurs biologiques qui s’alimentent directement à même les ressources présentes dans le sol, on obtient « un signal d’avertissement précoce », déclare Nelson.

Selon la deuxième manière, soit celle du test, « les changements des principaux paramètres de l’évolution biologique des espèces servant de bio-indicateurs après l’exposition en laboratoire peuvent servir à déterminer l’état actuel relatif de ces     sols ».   

La santé du sol peut être déterminée en mesurant la croissance du corps du collembole. Selon les résultats de l’étude, les changements liés à la croissance de collemboles d’un jour au cours d’une période « refléteront en réalité la qualité relative des différents échantillons du sol ».               

D’autres recherches s’avèrent nécessaires. Nelson a mentionné que deux des coauteurs de l’étude, Derek Lynch et Gilles Boiteau, poursuivent les recherches avec les Folsomia candida.

Bien que la création d’un test effectué à l’aide de collemboles n’en soit encore qu’à ses débuts, les résultats de l’étude actuelle indiquent que le sujet offre un potentiel considérable. « Un des espoirs liés à la publication de l’article (dans Pedobiologia:  International Journal of Soil Biology) était de continuer à susciter l’intérêt », affirme Nelson.

Essayer d’évaluer la santé du sol pourrait se comparer en complexité à l’évaluation de la qualité de l’air, pour laquelle le lichen sert maintenant de bio-indicateur. L’efficacité du lichen – des champignons qui poussent en symbiose avec des algues – concernant la détection des changements liés à la qualité de l’air est si reconnue que le United States Forest Service, une agence du U.S. Department of Agriculture, a un site Web sur le sujet. Le site National Lichens and Air Quality Database and Clearinghouse (http://gis.nacse.org/lichenair) indique que la bio-surveillance du lichen aide les gestionnaires fonciers fédéraux à évaluer les incidences écologiques des polluants de l’air.          

Peut-être qu’un jour, les collemboles aideront les exploitants agricoles à surveiller et à évaluer la santé écologique des sols des exploitations agricoles de la même façon que le lichen aide déjà à évaluer la qualité de l’air. 


Rédigé par Steve Harder pour le CABC. Pour davantage d’information : 902-893-7256 ou oacc@dal.ca.