Les systèmes d’agriculture biologique permettent des économies d’énergie de 20 % ou plus

Centre d'agriculture biologique du Canada

Après avoir examiné 130 études, des chercheurs en sont venus à la conclusion que les systèmes d’agriculture biologique consomment beaucoup moins d’énergie non renouvelable que les systèmes d’agriculture traditionnelle.

Les économies d’énergie à la ferme engendrées par la culture biologique sont souvent de l’ordre de 20 % ou plus.

Selon l’étude, [traduction] « Nous sommes venus à la conclusion que les données probantes sont très favorables à la culture biologique en ce qui a trait à la consommation d’énergie et à l’efficacité énergétique à l’échelle de la ferme par hectare et par produit de la ferme ». Les exceptions possibles sont les secteurs de la volaille, du porc et des fruits.

Les résultats corroborent les opinions de nombreux cultivateurs biologiques, selon Derek Lynk du Collège d’agriculture de la Nouvelle-Écosse (CANE) à Truro, l’auteur prinicipal  de l’étude « The Carbon and Global Warming Potential Impacts of Organic Farming : Does It Have a Significant Role in an Energy Constrained World? » publiée dans Sustainability.

« Plusieurs agriculteurs biologiques sont convaincus que leur système de culture… est aussi important que le produit pour encourager l’agriculture biologique », affirme Derek Lynch dans le cadre d’un entretien téléphonique.

« Et ce n’est qu’une autre donnée qui prouve que notre cultivateur respectueux de l’environnement gère une ferme avec une empreinte beaucoup moins importante pour ce qui est de l’énergie, et du réchauffement climatique dans une moindre mesure. »

À la différence des autres études qui prennent en considération uniquement la consommation énergétique du carburant et de l’électricité à la ferme, on a adopté une approche beaucoup plus étendue. Les auteurs de l’étude, dont Rod MacRae de l’Université York et Ralph Martin du CANE, ont examiné la consommation d’énergie globale dans le cycle de vie de l’exploitation agricole dans son ensemble. « Cela signifie qu’il faut inclure l’énergie grise ou cachée de tout intrant agricole », ajoute-t-il.

On a comparé la consommation d’énergie à l’échelle de l’exploitation agricole ainsi que le potentiel de réchauffement de la planète de la production biologique et de la production traditionnelle. 

Par exemple, l’engrais azoté ainsi que certains herbicides et pesticides ont tous un contenu d’énergie grise à prendre en considération. « C’est un fait bien établi. Nous n’exagérons pas les choses. »

L’étude a également permis de comparer les économies d’énergie à la ferme avec la consommation énergétique nécessaire pour l’ensemble de la chaîne alimentaire, y compris l’emballage, la transformation, la distribution, l’entreposage, la préparation et l’élimination des déchets. Parmi les autres facteurs de consommation d’énergie importants dans la chaîne alimentaire, on retrouve le commerce du gros et du détail pour des services comme le refroidissement, l’emballage et la transformation.

Si l’on se fie à l’estimation de l’étude selon laquelle la consommation d’énergie à la ferme représente en moyenne 35 % de l’énergie globale consommée dans la chaîne alimentaire, une réduction de 20 % à l’échelle de la ferme biologique engendrerait une diminution de 7 % pour l’ensemble de la chaîne alimentaire.

Même si l’étude a donné des estimations moyennes, il y avait des écarts importants dans différents secteurs. Par exemple, certaines grandes cultures, de même que les fruits, les légumes et le bétail, comme le porc, se situaient en dehors du seuil de 20 % en économies d’énergie.

Faisant référence à un rapport récent du ministère de l’Agriculture des États-Unis, il est mentionné dans l’étude que le transport représentait en moyenne 11 % de la consommation énergétique et que ce pourcentage était plus élevé dans certains secteurs.

L’étude a également révélé que les méthodes de préparation du sol employées par les agriculteurs biologiques [traduction] « ne semblent pas constituer un facteur contributif important en ce qui concerne la consommation d’énergie à la ferme contrairement aux hypothèses courantes des détracteurs de l’agriculture biologique ».

Selon Derek Lynch, l’étude donne aux cultivateurs biologiques plus de renseignements pour faire connaître leurs systèmes de culture et leurs produits.

« Nous essayons de dire que la ferme en elle-même est une valeur ajoutée », ajoute-t-il. « C’est une valeur ajoutée pour la société et pour les consommateurs. Maintenant, la question à un million de dollars est, bien évidemment, si les consommateurs et les décideurs vont finir par s’en rendre compte ».
 
L’étude s’adresse principalement aux responsables de l’élaboration des politiques. Un plus grand nombre de données probantes sur les avantages de la culture biologique sur le plan énergétique pourrait engendrer un soutien plus important pour ce genre de culture.

L’étude a été lancée par un groupe de travail sur le développement du marché de la Table ronde sur la chaîne de valeur des produits biologiques. « Les membres considéraient qu’il valait la peine d’examiner de plus près la culture biologique sur le plan de la consommation d’énergie et de l’intensité énergétique », ajoute Derek Lynch.

Selon lui, l’une des forces de la culture biologique est sa résilience. « Si vous avez un système d’agriculture qui peut être modérément productif avec des besoins énergétiques réduits, vous avez une système d’agriculture plus résilient. »

Dans un monde où les prix de l’énergie et l’approvisionnement énergétique sont incertains, ce qui entraînera une hausse du prix des engrais synthétiques, « vous avez défini un système d’agriculture qui est robuste dans des situations de ce genre ».


Cet article a été rédigé par Steve Harder pour le CABC grâce au soutien financier de la Grappe scientifique biologique du Canada (une partie de l’Initiative de grappes agro-scientifiques canadiennes du Cadre stratégique Cultivons l’avenir d’Agriculture et agroalimentaire Canada. La Grappe scientifique biologique est le fruit du travail de coopération accompli conjointement par le
CABC, la Fédération biologique du Canada et les partenaires de l’industrie.