GSBII Activité D.44

Évaluation des thérapies alternatives pour le traitement des mammites cliniques sur les fermes laitières biologiques

Résumé

La mammite est le problème de santé le plus courant et le plus coûteux, tant pour les producteurs de lait conventionnels que biologiques. La mammite a des conséquences nuisibles sur la productivité, la longévité et la rentabilité des troupeaux laitiers en raison d'une baisse de la production de lait, d’une performance amoindrie en reproduction, de la hausse des coûts associés aux traitements et du risque plus élevé de réforme et de décès des animaux malades. De plus, les antibiotiques utilisés pour le traitement de la mammite clinique représentent une forte proportion de l'ensemble des antibiotiques administrés sur les fermes laitières canadiennes. Pour obtenir leur certification, les troupeaux laitiers biologiques doivent être conformes à des exigences spécifiques et l'utilisation de traitements antimicrobiens conventionnels est fortement restreinte. Dans les cas de maladies cliniques comme la mammite, on doit tout d'abord utiliser des traitements alternatifs, et les traitements antimicrobiens conventionnels doivent être utilisés seulement lorsque les traitements non conventionnels ne donnent pas de résultats. De nombreux traitements alternatifs pour la mammite clinique bovine ont été signalés de manière anecdotique et quelques-uns ont produit des résultats prometteurs. Très peu cependant ont fait l'objet d'une étude formelle basée sur des essais cliniques aléatoires, lesquels définissent la norme d'excellence en matière d'évaluation des traitements médicaux. Il s'avère donc difficile pour les conseillers et exploitants en production laitière de fournir des conseils scientifiques relatifs aux traitements non conventionnels, puisque les résultats concernant leur efficacité n'ont jamais été compilés en un ensemble cohérent, et que la plupart n'ont pas même fait l'objet d'une évaluation formelle dans le cadre d'un essai clinique aléatoire. L'objectif principal de l'étude est de déterminer, d'évaluer et de promulguer une nouvelle approche à plusieurs volets pour le traitement de la mammite clinique chez les vaches laitières.

Dans un premier temps, une révision systématique des études sera effectuée afin d’identifier les traitements alternatifs pour la mammite clinique chez les vaches laitières et évaluer leur efficacité. Nous relèverons les études pertinentes en effectuant des recherches dans des bases de données et en triant les références. Les résultats des études sélectionnées seront colligés pour former un ensemble cohérent, examinés et décrits, et une combinaison statistique des effets individuels (c.-à-d. une méta-analyse) sera réalisée au besoin. Les résultats de cette première étude permettront d’identifier les traitements dont l'efficacité a déjà été démontrée, et de dépister des traitements prometteurs pour le traitement de la mammite clinique chez les vaches laitières. Par ailleurs, les résultats de cette étude seront synthétisés sous forme d'un document de référence dont les médecins vétérinaires et les conseillers pourront se servir pour fournir aux producteurs laitiers biologiques des conseils fondés sur des données probantes.

Une fois la revue systématique terminée, un essai clinique aléatoire de phase III sera réalisé sur 30 fermes laitières conventionnelles pour réaliser une évaluation scientifique de l'efficacité d'une approche alternative à plusieurs volets pour le traitement de la mammite clinique de niveau 1 (lait anormal sans enflure du quartier ni signes systémiques) et de niveau 2 (lait anormal et enflure du quartier, mais aucun signe systémique). Comme on s'attend à un taux relativement élevé de guérison spontanée de la mammite clinique (>30 %), l'efficacité de l'approche proposée sera comparée à des vaches témoins négatives recevant un placébo et à des vaches témoins positives recevant un antibiotique destiné au traitement de la mammite clinique. Suivant un tableau des guérisons et pour des raisons de bien-être, les vaches qui ne réagissent pas au traitement initial pourront recevoir un traitement antimicrobien de seconde ligne. Toutes les analyses seront réalisées suivant le principe de « l'intention de traiter». Les résultats examinés seront la guérison clinique (disparition des symptômes cliniques), la guérison bactériologique (disparition de l'infection intramammaire en fonction d'analyses bactériologiques du lait) et la production de lait à la suite du traitement.

L'étude proposée permettra d'élaborer le tout premier guide scientifique sur les traitements alternatifs pour la mammite clinique chez les vaches laitières. De plus, l'efficacité d'une approche novatrice à plusieurs volets pour le traitement de la mammite clinique sera évaluée. Le développement d'une approche alternative efficace à plusieurs volets pour le traitement de la mammite clinique contribuera à améliorer la santé et le bien-être des animaux, une question d'importance pour les producteurs laitiers biologiques et les consommateurs. Améliorer le traitement de la mammite clinique sur les fermes laitières biologiques contribuera à atténuer les coûts associés à cette maladie courante, et améliorera la productivité, la longévité et, au bout du compte, la rentabilité des troupeaux laitiers. Enfin, l’établissement d’une approche non conventionnelle au traitement de la mammite clinique se traduira par une diminution substantielle de la quantité d'antimicrobiens utilisés sur les fermes laitières conventionnelles et biologiques, et par une diminution du risque de résidus dans l'approvisionnement de lait biologique; la salubrité et la qualité de la marque des produits laitiers canadiens biologiques et conventionnels seraient préservées.


Chercheurs

Nom Affiliation
Simon Dufour, Leader de l’activité Université de Montréal
David Francoz, Leader de l’activité Université de Montréal
Hubert Karreman Penn Dutch Cow Care
François Labelle Valacta Inc.
Pierre Lacasse Agriculture et Agroalimentaire Canada
Centre de recherche et de développement de Sherbrooke
Jean-Philippe Roy Université de Montréal
Vincent Wellemans Université de Montréal